Les causes du diabète

Le pancréas est une glande située prêt de l’estomac et du petit intestin. Elle est composée de deux parties distinctes, avec deux groupes de fonctions distinctes. Celle qui nous intéresse ici est la partie endocrine, qui sécrète des hormones dans le sang. Une de ces hormones est l’insuline, elle est responsable du contrôle du taux de sucre dans le sang (la glycémie). Grâce à cette hormone le sucre, qui se trouve dans le sang, peut passer dans les tissus et dans les muscles pour y être consommé. Sans cette hormone, ou si cette hormone est sécrétée en quantité insuffisante, ou si cette hormone n’est pas assez efficace, le sucre reste dans le sang et ne peut pas être utilisé par l’organisme. Le taux sanguin augmente puis ce sucre est éliminé par l’urine avec un grand volume de liquide. On parle du diabète sucré, car l’urine devient sucrée. Cela explique aussi pourquoi le diabétique doit boire plus.

C’est un peu comme si le réservoir d’une voiture est plein mais que le tuyau qui amène l’essence au moteur est bouché. L’énergie est là, mais le corps ne peut pas l’utiliser.

Il y a plusieurs raisons possibles pour expliquer ce diabète, mais en aucun cas vous n’avez fait de fautes ou d’erreur. C’est une maladie dont vous n’êtes pas responsable.

Il y a plusieurs facteurs favorisants…

  • Chez le chat : obésité, pilule contraceptive, maladies systémiques…
  • Chez le chien : obésité, injections hormonales, activité hormonale, maladie systémiques…

Symptômes

Comme nous l’avons vu le diabétique urine de grandes quantités d’eau en éliminant du sucre, il doit donc compenser et boire plus. C’est souvent la première chose que l’on peut constater: le diabétique urine et boit plus que normalement. On peut aussi remarquer que l’urine en séchant devient un peu collante.

Comme le diabétique ne peut pas utiliser le sucre qui est dans le sang, il va détruire progressivement ses graisses tissulaires pour les transformer en énergie. Mais cette dégradation va créer un déchet qui se nomme l’acétone et son augmentation dans le corps va progressivement amener des problèmes. D’ailleurs dans des diabètes très avancés on peut remarquer l’odeur d’acétone soit dans l’urine soit dans l’air expiré. Le diabétique va progressivement maigrir et son corps va se modifier avec un abdomen qui va devenir penduleux et flasque. De plus il sera plus vite fatigué et aura moins envie de sortir, ce qu’on a souvent tendance, à tort, à attribuer à l’âge.

Diagnostique

Le test clé est bien sûr la détermination de la glycémie qui normalement se situe entre 3 et 5 mmo/l. De plus on détermine s’il y a une présence de sucre et de corps cétonique (acétone) dans l’urine. Il faut donc une analyse de sang et d’urine. Dans notre cabinet, on vous proposera de faire une chimie complète, une formule sanguine et une analyse d’urine. Ceci nous permettra une bonne vue d’ensemble de votre animal.

Le chat est un animal particulier car le stress (visite chez son vétérinaire) peut facilement provoquer une forte augmentation de la glycémie et faire croire à un diabète. Il faut donc faire une analyse complémentaire pour définir si pendant les 3 dernières semaines il y avait effectivement une hyperglycémie. C’est la détermination des fructosamines. On peut aussi, suivant les cas, faire cette détermination pour les chiens.

Thérapie

Puisque le diabétique ne sécrète pas assez d’insuline ou que son insuline n’est pas assez efficace, on va lui en donner régulièrement. C’est une thérapie substitutive : tu n’en as pas assez, je t’en donne !

L’insuline se présente sous forme de suspension, à concentration (nombre d’unité par ml : UI/ml) connue et on va l’injecter 2x par jour par voie sous-cutanée (sc).

Cette hormone doit être conservée au frigo, entre 2 et 8 degrés Celsius et à l’abri de la lumière. L’insuline est sous forme de suspension, il est donc important d’agiter le flacon ou la cartouche avant de faire le prélèvement. De plus, les flacons et cartouches doivent être conservées à la verticale. Si vous utilisez un vetpen, il n’est pas nécessaire, une fois chargé, de le conserver au frigo, mais la charge doit être utilisée dans les 28 jours.

Si vous utilisez des seringues, préparez la seringue, rangez l’insuline au frigo, prenez votre animal et faites l’injection. Tout cela sans délai.

Pour remplir votre seringue, vous piquez dans le flacon que vous tenez à l’envers, vous aspirez du liquide en suffisance puis vous repoussez jusqu’à obtenir la bonne dose. Les chiffres marqués sur la seringue correspondent directement au nombre d’unités.

La même seringue peut être utilisée plusieurs fois sans problèmes. Nous vous conseillons de changer une fois par semaine, ou dès qu’il devient difficile de traverser la peau.

Les seringues qui vous sont fournies ne font qu’une pièce avec l’aiguille qui est toute petite et elles sont prévues pour la concentration d’insuline qu’on va vous fournir. N’achetez JAMAIS de seringue à la pharmacie car la concentration de l’insuline humaine est différente que la concentration de celle que vous allez utiliser.

L’injection est facile mais c’est ce qui retient le plus les propriétaires. On fait une injection sur le côté droit du thorax le matin et sur le côté gauche le soir. Il semble que ce soit le meilleur endroit pour la résorption du  médicament.

On va commencer par une dose théorique (0.5 IU-1IU/kg) et on applique cette thérapie pendant environ 1 semaine.
On pique le matin et le soir, si possible avec 12 heures de décalage, puis on donne en même temps la moitié de la nourriture journalière. On laisse de l’eau à volonté.

Exemple d’un chien pesant 20 Kg, mangeant 300g/jour

07h00 injection 10 IU Repas 150 g
19h00 injection 10 IU Repas 150 g

Un aspect important est la REGULARITE. Régularité dans les soins et dans la nourriture (toujours la même) et dans les dépenses d’énergie (promenades, jeux, sorties).

Après une semaine on fait un contrôle de la glycémie et on programme un rendez-vous pour réaliser une courbe de glycémie. Pour cette courbe, vous piquez le matin à la dose normale, vous donnez à manger puis vous nous amenez votre animal au cabinet pour la journée. On va lui faire une glycémie par heure pour voir comment se comporte sa glycémie pendant la journée et définir le point le plus bas de la journée (le nadir) et surtout l’heure approximative de ce point. On saura ainsi quand on doit programmer les contrôles par la suite. Cette démarche est importante pour le bon contrôle de la thérapie, même si elle est relativement coûteuse (environ 200 à 250 francs).

Ensuite on adaptera la dose en fonction des contrôles afin d’arriver à un état satisfaisant, avec un animal qui boit normalement, qui reprend du poids et de la vitalité.

En médecine vétérinaire nous pouvons nous permettre un équilibrage approximatif puisque des crises ou des phases d’hyperglycémie n’ont pas la gravité qu’elles ont en médecine humaine. On peut donc être moins précis, moins pointilleux.

Si vous avez une chienne non stérilisée, c’est un  peu plus compliqué. La période après les chaleurs ou après une injection d’hormone est particulière car l’organisme ne va pas bien répondre à l’insuline produite par la chienne. On parle d’insulinorésistance. Cela se manifeste comme un diabète et il faut le traiter comme tel, sinon le pancréas qui a une capacité de production limitée, va s’épuiser et cela donnera finalement un vrai diabète. Il est donc important de cesser tout injection d’hormone et d’éviter les chaleurs : il faut donc impérativement stériliser la chienne dès que possible, même si cela renchérit le traitement. Parfois, après la stérilisation on peut baisser progressivement la dose d’insuline et même arrêter toute injection, si l’organisme réagit de nouveau normalement et si le pancréas ne s’est pas épuisé.

Le pancréas est programmé pour produire une certaine quantité d’insuline et quand il a tout produit, il ne peut plus en fabriquer. C’est ce qui explique le diabète du chien de bistrot qui mange autant de sucre qu’il y a eu de client qui ont bu un café.. et qui épuise son pancréas.

Chez le chat, le diabète peut-être irrégulier et il existe une particularité que l’on nomme la toxicité du glucose, qui peut faire qu’un chat manifeste un diabète seulement pendant une période de sa vie. Il nécessite donc un traitement, mais il arrive qu’ensuite, une fois  l’équilibre  atteint, on puisse tellement baisser les doses que l’on peut arrêter toute thérapie.

On peut aussi avoir, chez le chien comme chez le chat, une maladie systémique qui se cache derrière un diabète, ce qui complique passablement les choses

Les risques

Le seul risque thérapeutique est l’hypoglycémie : pas assez de sucre dans le sang (l’inverse du diabète). Cela peut arriver si on donne trop d’insuline ou si la dose n’est pas adaptée. C’est dangereux et grave, votre animal peut mourir.

Donc si on ne sait plus si on a fait l’injection ou pas, si on ne sait pas si l’injection a bien été faite ou si le produit et ressorti, si on a un doute : ON NE REFAIT JAMAIS D’INJECTION. Tant pis, le seul risque c’est que la glycémie remonte un peu ce qui n’est pas grave en médecine vétérinaire.

Si votre animal devient subitement bizarre, qu’il se comporte anormalement, qu’il semble absent, paumé ailleurs, il fait peut-être une hypoglycémie.. Il lui faut du sucre rapidement. C’est pour cela qu’on vous donnera une seringue de 10 ml. Vous ferez fondre un maximum de sucre dans de l’eau chaude pour obtenir une solution la plus sucrée possible. Ensuite vous remplissez votre seringue et vous la conservez au frigo. Si votre animal fait une crise, donnez-lui la seringue par voie buccale et il devrait rapidement s’améliorer. Si c’est le cas, vous cessez la thérapie et vous nous appelez. Si vous ne pouvez pas nous joindre, ne piquez plus votre animal et essayez de nous joindre dès la réouverture du cabinet.

Si votre animal est bizarre pour une autre raison, le sucre que vous lui donnerez ne va rien lui faire, la glycémie va monter et c’est tout. Mais si c’est une hypoglycémie vous allez le sauver…alors, en cas de doute, allez-y de toutes façons.

Les échecs

La cause la plus fréquente est une erreur de management :

  • Erreur de stockage (trop longtemps à T° ambiante)
  • Insuline qui a eu chaud ou qui a gelé
  • Insuline mal mélangée
  • Seringue pas adaptée
  • Injection mal faite

Dans ces cas, on reprend un nouveau flacon, on le mélange bien et on pense à tout. Mais normalement cela fonctionne bien.

Les seringues

L’insuline qu’on utilise en médecine vétérinaire n’a pas la même concentration qu’en médecine humaine : 40U/ml pour la nôtre et 100U/ml pour l’insuline « humaine ». Si vous achetez des seringues à la pharmacie, vérifiez que ce soient des seringues pour de l’insuline à 40 U/ml, sinon vous n’injecterez pas la bonne dose…Prudence !

La nourriture

Le mieux c’est une nourriture riche en fibres et digérée lentement pour qu’il n’y ait pas trop de saut dans la glycémie. On a une nourriture à vous proposer : le W/D sous forme de croquettes idéalement.

Le mieux c’est de donner la moitié avec chaque injection et de laisser à disposition la nourriture environ 30 minutes puis d’enlever la gamelle. Si l’animal mange toute la journée la glycémie est impossible à stabiliser. Et en tout cas quand vous venez pour un contrôle il est impératif que l’animal ait mangé en même temps que l’injection et qu’il n’ait pas mangé ensuite. Sinon le contrôle sera inutile. Il peut boire à volonté.

Remarques

Cette démarche thérapeutique n’est pas simple et tous les clients ont une première réaction négative : NON ! je ne piquerai pas mon animal 2x par jour… puis la plupart de ceux-ci s’y mettent et finalement se rendent compte que ce n’est pas si compliqué et ils développent même un bon sens médical par rapport au diabète et souvent « sentent » tout à fait bien l’état du diabète chez leur animal.
Quand l’équilibre est atteint, votre animal vit mieux, il retrouve sa forme et vous serez content du résultat.

Financièrement

Le traitement n’est pas très coûteux. Mais l’équilibrage du départ peut être assez onéreux.
Chaque cas va être différent, mais pour un chat de 5 kg environ les frais de départ sont d’environ 500.- et un peu plus pour un chien, surtout s’il est grand. Si c’est une chienne et qu’il faille la stériliser on dépassera facilement 1000 francs pour la première partie du traitement. Ensuite les coûts d’entretien sont très raisonnables. Mais vous comprendrez que ces chiffres ne sont que des indications et en aucun cas un devis qui nous engage.

Si vous souhaitez en savoir encore plus…
Le site de la Caninsuline est assez complet et mérite une visite. Version française disponible : caninsulin.ch