Cystite idiopathique féline

(= inflammation primaire de la vessie chez le chat)

La cystite idiopathique féline (CIF) est la cause la plus fréquente de pathologie du bas appareil urinaire du chat (FLUTD = Felin Lower Urinary Tract Disease). Elle se manifeste par une peine à uriner, des douleurs lors de la miction, du sang dans l’urine, de la malpropreté et/ou des multiples petits pipis. Les causes de ces problèmes peuvent être des calculs urinaires, des cristaux urinaires, des infections bactériennes des voies urinaires, des troubles du comportement ou être idiopathique (= inflammation primaire de la vessie).

Définition, mécanisme

Comme son nom “idiopathique” l’indique, la cause exacte de cette cystite n’est pas connue mais il existe plusieurs hypothèses. La plus communément adoptée est celle qui explique que la CIF résulte d’interaction complexe entre plusieurs systèmes du corps incluant les transmissions nerveuses de et à la vessie, la couche protectrice de glycosaminoglycanes (GAG) et les composantes de l’urine.

Les biopsies des vessies de chats affectés par cette maladie montre une augmentation du nombre de fibres nerveuses de la douleur (fibres C) et des récepteurs de la douleur (récepteur de la substance P). Ces fibres C peuvent être simulées soit par le cerveau lui même (en réponse au stress) ou soit par une irritation locale à l’intérieur de la vessie. La stimulation de ces fibres C provoque entre autre la sécrétion de la substance P, ce qui entraîne à son tour de la douleur, une vasodilatation, de l’œdème, une contraction de la musculature lisse et une perméabilité augmentée de la paroi de la vessie.

La couche de GAG qui tapisse l’intérieur de la vessie protège le sensible urothélium de l’adhérence de bactéries et de cristaux. L’endommagement de cet urothélium et de la couche superficielle de GAG permet au contenu  de la vessie d’activer les fibres C qui se trouvent en dessous, ce qui est perçu comme une douleur par le cerveau. Comparé aux chats “normaux”, certain chat atteint de CIF ont une plus faible concentration de GAG dans l’urine, une surface moins grande de GAG et une perméabilité augmentée de la paroi de la vessie.  Lors de cystite non idiopathique (p.ex à cause d’une infection ou de cristaux), le chat perd en partie cette couche protectrice, ce qui amplifie encore l’inflammation de la paroi vésicale.

De plus, la réponse au stress des chats atteint de CIF est différente des chats dits normaux. Ces chats y sont plus sensible.

Le stress est donc un facteur exacerbant de la CIF. Il peut être environnemental, physique, psychologique ou dû à une maladie. Les évènements stressant comme un déménagement, des vacances, une mise en pension, un changement de saison, des bagarres entre chats, des conflits dans la maison ou simplement un nouveau tapis de salle de bain sont régulièrement associés à des problèmes de vessie chez le chat.

C’est donc une maladie très complexe…

Symptômes et diagnostique 

Les chats sujets sont souvent jeunes ou d’âge moyen. Les facteurs de risque sont: avoir un poids trop élevé, être castré/stérilisée, avoir une vie sédentaire, être un chat d’appartement, vivre dans un groupe de chat, manger une diète sèche, utiliser une litière et avoir un accès restreint à l’extérieur.

Les symptômes, comme le fait d’uriner fréquemment, avec peine, douloureusement, en petites quantités et éventuellement avec des traces de sang, apparaissent à des intervalles de temps différents. Les symptômes peuvent être de courte durée ou, au contraire, persistants. Il est possible qu’ils disparaissent d’eux-mêmes sans thérapie mais les récidives sont fréquentes. C’est pourquoi, chez les chats présentant des problèmes urinaires récurrents, un diagnostic exact devrait être posé. Une possibilité serait une radiographie mais l’ultrason, méthode préférable, est de plus en plus souvent utilisé. A l’aide de l’ultrason, les calculs vésicaux et les cristaux urinaires peuvent être détectés, la paroi de la vessie peut être examinée; à l’aide d’une ponction de la vessie, de l’urine stérile peut être prélevée, opération nécessaire en vue d’un examen bactériologique. Dans le cas où aucune cause de l’inflammation vésicale n’a été décelée, comme par exemple – calcul urinaire, cristaux urinaire ou infection bactérienne, néoplasie, anormalité anatomique, problème comportemental – le diagnostique de cystite idiopathique féline sera posé

Thérapie 

Le but thérapeutique sera de limiter les symptômes et d’allonger les intervalles temporels entre ces derniers. Dans la plupart des cas, une guérison totale est impossible!

Lors des phases aiguës de la maladie, des médicaments contre la douleur et anti-inflammatoires seront prescrits. Dans tous les cas, l’environnement dans lequel l’animal évolue doit être vérifié! Les situations stressantes doivent être repérées et si possible évitées.

Les questions suivantes servent à la vérification de l’environnement :

  • Est-ce un chat qui sort ou est-il un chat d’appartement?
  • Vit-il seul ou avec des congénères?
  • La gestion des caisses à chat est-elle optimale? Un chat a besoin de deux caisses au minimum! Lors de détention de plusieurs chats, le nombre de caisses à chat équivaut au nombre de chats + 1caisse. Elles doivent être bien placées: pas dans un endroit en “cul-de-sac” (possibilité de sortie diminuée), à un emplacement avec “bonne vue d’horizon”, pas trop mise à l’écart, pas à côté de l’endroit où il mange ou dort. Les caisses devraient être grandes, stables et non couvertes; un gros bac en plastique est aussi très apprécié. La profondeur du sable doit correspondre à la longueur du majeur; le sable fin est souvent davantage aimé. Lorsque le chat apprécie volontiers une marque de sable, ne plus changer. Les caisses doivent être tenues propres, c’est-à-dire les nettoyer quotidiennement voire 2x par jour! La manière de structurer un habitat avec plusieurs chats n’est pas toujours facile à discerner; les conseils d’un vétérinaire comportementaliste seraient utiles.
  • Comment l’eau est-elle offerte au chat? La possibilité de se désaltérer devrait se trouver à plusieurs endroits de l’habitat et dans différents mais suffisamment grands récipients. Changer l’eau tous les jours! Souvent les chats n’aiment pas boire au même endroit où ils mangent.
  • Certains chats boivent à l’eau courante, leur installer une fontaine d’intérieur.
  • Votre chat est-il stressé? des phéromones d’apaisement comme du Feliway ou des compléments alimentaires apaisant peuvent amener à une amélioration de leur état.
  • Le chat boit-il suffisamment? Comme pour l’humain, il est important  que le chat boive assez; plus particulièrement quand ce dernier souffre de problèmes urinaires. Plus le chat ingère de liquide, moins l’urine sera concentrée, ainsi l’inflammation sera moins favorisée par cette dernière.
    • Comment la prise d’eau peut-elle être augmentée? 
      • Proposer le plus possible de la nourriture mouillée (plus d’ingestion de liquide).
      • Ajouter de l’eau à la nourriture petit à petit; augmenter la quantité le plus possible mais pas trop de sorte que le chat accepte encore de manger.
      • Ajouter à l’eau un peu de lait/crème ou un glaçon aromatisé afin de donner au liquide un bon goût. Pour cela, mettre une petite portion de nourriture, viande de poulet ou poisson dans de l’eau et  faire cuire 10 minutes. Ensuite, laisser réduire le liquide afin d’obtenir un concentré. Enfin, récolter ce dernier, le verser dans un moule à glaçons et le congeler.
      • Une fontaine d’eau pour les chats peut également stimuler l’envie de boire des chats
  • Une supplémentation en GAG peut contribuer à la réparation de la couche de GAG défectueuse au niveau de la vessie. Ceci est un médicament à donner quotidiennement sous forme de gélule.
  • Si toutes les mesures de traitement citées plus haut restent inefficaces, il reste encore la possibilité d’essayer d’obtenir, à l’aide de médicaments psychoactifs tels que anti-dépressifs (prescription chez un comportementalisme uniquement), une prolongation des intervalles sans symptôme.

Pronostic 

Malheureusement, les récidives ne sont pas exclues. Aussi, les problèmes de détention ne sont pas toujours complètement résolus et les situations stressantes ne peuvent pas toujours être évitées.

Prévention

Arranger l’environnement du chat selon ses besoins, éviter les situations stressantes! Offrir de l’eau en grande quantité et maintenir cette dernière. Si possible donner en partie une nourriture humide.